Ils étaient quarante tout de blanc vêtus sur le tatami du magnifique dojo de
Saillon. Dressés mais détendus, dignes mais humbles, attentifs, présents,
conscients, en éveil, du rituel de l’aube aux heians nocturnes en passant par
les kibadachis et autres bunkaïs.
Ils ont clarifié leur mental, cherché ensemble la justesse du geste comme
mudra, l’intensité du kimé comme explosion d’une mystérieuse énergie,
éprouvé le contrôlé de leur force, testé l’apatheia, laissé monter la douceur au
cœur même de la fermeté, expérimenté une seconde ou l’autre le vide jusqu’à
– Inch Allah – l’oubli de soi, tenté d’approcher l’union entre le cœur, le corps et
l’esprit, laissé se déchirer les voiles illusoires pour ne finir par voir dans
l’adversaire qu’un ami, un miroir reflétant un autre soi et plus profondément
encore une expression parmi d’autres de l’amour universel.
Après les rituels de Sagesse martiale, ils ont partagé le pain et autres
nourritures divines dans la chaleur d’une fraternité soudée.