Les disciples d’Ibrahim ben Moussa disputaient autour du thème de « l’homme initiatique ».
Takini, un élève influent affirmait sans ambages que l’homme initiatique est celui qui pratique le Zazen alors qu’un autre disciple non moins influent prétendait que seule la sagesse martiale est initiatique. D’autres intervinrent à grand renfort de preuves et de bruits pour dire combien la course en montagne et le pèlerinage étaient à leurs yeux primordiaux.
D’autres encore firent le panégyrique de l’écriture zimaginale et des z’arts sacrés en mettant en avant l’excellence de la beauté.Il y eût même quelques thuriféraires de l’introspection psychologique venant flirter avec l’initiatique.
Bref on ne s’en sortait pas pour définir ce bonhomme initiatique !
Le maître vint à passer. On l’interrogea ; chacun réaffirma ses positions et Ibrahim ben Moussa conclut :
– « Ni-Ni ! »
– »Que voulez-vous dire ? »
– « Ni ceci, ni cela ! »
– « Mais alors » s’exclamèrent-ils tous ?
– « L’homme initiatique est celui qui pratique le Zazen, qui entre dans le combat, qui grimpe en montagne ou pérégrine vers les statues, qui écrit de manière imaginale ou pratique l’art sacré et introspecte les traumas. »
– « Mais alors quelle différence avec ce que l’on dit ? »
– « Celui-ci, quand il parle, a chassé l’ego et ne revendique rien pour lui-même. Il est libre d’intention personnelle et s’est oublié lui-même dans toutes les activités proposées. Il a sombré dans le « yoï » et désormais tout ce qu’il propose ne fait plus de différence car plus rien ne s’origine au moi mais tout vient de Lui. »